
𝐂𝐡𝐞𝐫𝐧𝐨𝐛𝐲𝐥
Le coeur a explosé
C'est avec deux ans de retard que je débute la mini-série "Chernobyl" relatant la catastrophe nucléaire du 26 avril 1986 à Tchernobyl en Ukraine. Écrite par Craig Mazin et réalisée par Johan Renck, la série n'accorde aucune censure, aucun tabou et jure de dire "toute la vérité, rien que la vérité".
Dès les premières minutes, l'image sombre presque verdâtre à notre écran installe l'ambiance. Le côté ténébreux rappelle notamment la série allemande "Dark" (que j'ai adoré), qui fait également allusion à l'année 1986 ainsi qu'à une centrale nucléaire.
Je ne vais pas raconter en résumé le déroulement de Chernobyl, la seule chose que je peux vous dire c'est d'allumer votre télévision ou votre ordinateur et de démarrer le premier épisode. Vous n'allez pas être déçu.
Là où tout être humain sur cette planète a déjà entendu parler de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, personne ne connaît vraiment l'arrière-plan de ce désastre et tous les enjeux politiques qui s'y attachent. En effet, le réalisateur montre la face cachée de l'iceberg notamment sur l'incapacité des scientifiques à agir librement afin de connaître la vérité. De plus, la touche maîtresse de cette mini-série est, certes, de révéler les pertes humaines et les dégâts écologiques, mais également de personnifier le "mensonge". Durant tous les épisodes, la vérité est dissimulée et lorsqu'elle est enfin dévoilée au grand jour, elle est réduite en cendres. L'erreur est humaine mais elle n'est assumée ni par le directeur de la centrale nucléaire ni par l'ingénieur Anatoly Dyatlov (interprété par Paul Ritter) qui sont entièrement responsables de l'explosion du réacteur.
Johan Renck met ici en scène des faits totalement méconnus qui déchirent le coeur comme lorsqu'on ordonne à des hommes d'abattre tous les chiens, l'enterrement des pompiers qui n'en n'est pas vraiment un ou encore la naissance d'un bébé qui n'a pas survécu plus de "quatre heures".
En somme, je dirai que c'est une mini-série incontournable qui mérite d'être vu par le plus grand nombre. Je terminerai cet avis en vous partageant les paroles de Valery Legasov qui en disent long sur la réalité des faits : "Etre scientifique c'est être naïf. Nous sommes tellement concentrés sur notre recherche de la vérité que nous ne voyons pas que bien peu de gens veulent réellement que nous la découvrions."

𝐓𝐡𝐞 𝐁𝐨𝐲𝐬
Les anti-héros
Adaptée de la bande dessinée de Garth Ennis et Darick Robertson et diffusée pour la première fois en 2019 sur Amazon Prime, la série « The Boys » réalisée par Eric Kripke nous révèle une approche totalement différente de la figure du héros. En effet, ils ne sont pas les sauveurs et justiciers comme dans les Marvel ou encore les DC Comics mais bel et bien les méchants de l’histoire.
Je commencerai par dire que j’ai eu plaisir à découvrir ces deux saisons qui m’ont autant fait rigoler qu’effarer. Si vous avez visionné la série et que vous lisez cet avis, j’espère que vous serez d’accord et si ce n’est pas le cas, qu’est-ce que vous attendez pour la regarder ?
Commençons par le commencement. L’intrigue débute dans un monde comme le nôtre, dans un pays que beaucoup connaissent à savoir les Etats-Unis. Sans trop d’extravagance, ni trop d’effets spéciaux, la série nous présente « Les Sept », des individus pourvus de super-pouvoirs qui « sauvent » les citoyens américains. Ou pas. En vérité, ils sont davantage dépeints comme des super-stars accros aux caméras et à la presse. Ils sont d'ailleurs plutôt malsains et égoïstes.
En parallèle, Hughie Campbell (interprété par Jack Quaid) a perdu sa copine à cause d’un héros. Il fait alors la connaissance de Billy Butcher (interprété par Karl Urban), le anti-héros numéro un. Ensemble et avec trois autres protagonistes, ils vont essayer d’anéantir les héros, et tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins comme appuyer sur la détente.
Cette série est très bien amenée, elle nous montre que les héros ne sont pas des sauveurs, ils ne sont que le produit d’une société bien trop corrompue par l’argent et la gloire. En effet, Eric Kripke choisit ici de parler de viol, de harcèlement, d’angoisse, de mensonge et de violence. Il y ajoute un côté comique assez amusant que nous ressentons bien à travers le personnage, un peu pince-sans-rire, de Billy Butcher.
Il me tarde d’être en juin 2022 afin de retrouver, dans une troisième saison, les discours foireux de Butcher, la maladresse de Hughie, la folie de Frenchie, la mystérieuse Kimiko et la bonté de Mother’s Milk.

𝐒𝐰𝐞𝐞𝐭 𝐓𝐨𝐨𝐭𝐡
Un garçon vraiment spécial
Nouvellement sortie sur Netflix, la série « Sweet Tooth », réalisée par Jim Mickle, m’a agréablement surprise. En effet, en regardant la bande annonce je trouvais que des enfants hybrides associés à un contexte post-apocalytique était un mélange assez farfelu. Toutefois, après avoir lu plusieurs bonnes critiques j’ai laissé une chance à Sweet Tooth et j'ai commencé la série. Je peux vous dire que je ne suis pas déçue du détour.
L’histoire se déroule dans un monde apocalyptique où « Le Fléau », sûrement un cousin de notre très chère COVID-19, a exterminé la moitié de la population. En même temps qu’elle fait rage, apparaît des enfants hybrides, autrement dit des individus mi-homme mi-animal. Etrange scénario, je l’entends. Il y a bien sûr les gros méchants qui veulent tués tous ces êtres difformes et les gentils qui veulent les protéger. Pas trop étonnant, je l’entends également.
Toutefois, nous suivons le périple de Gus (interprété par Christian Convery) un garçon mi-humain mi-cerf âgé de dix ans qui vit reclus avec son père. Accompagné de malheurs, de révélations, de joies et de découvertes, il croise sur son chemin Tommy Jepperd (interprété par Nonso Anozie) et Ours (interprétée par Stefania LaVie Owen). Un trio très intéressant dont les histoires émouvantes sont racontées petit à petit. Le dernier épisode de cette première saison marquera d’ailleurs un tournant autour de ces récits de vie.
Bien que ce soit des enfants qui incarnent les principaux protagonistes je trouve que la série n’en est pas moins violente. En effet, la traque sauvage des hybrides pour soi-disant « sauver » l’humanité ou encore brûler vifs des humains car ils sont contaminés sont des éléments assez brutaux.
D’autre part, le « Général », apparemment incarnant la figure du méchant n'était pour moi pas si effrayant que ça, il était presque inexistant. Mauvais choix d’acteur ? Ou mauvais choix scénaristique ? Je ne saurais dire.
Finalement, j’ai trouvé cette série vraiment attrayante. Elle s’éloigne des films de zombie comme « World War Z » de Marx Forster ou encore des films apocalyptique ratés comme « Bird Box » de Susanne Bier.
Une fin qui laisse entendre une suite que j’attends avec impatience.

𝐎𝐧𝐥𝐲 𝐌𝐮𝐫𝐝𝐞𝐫𝐬 𝐢𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐁𝐮𝐢𝐥𝐝𝐢𝐧𝐠
Détectives ou voisins ?
Après un été 2021 plutôt pauvre en nouveauté et en contenu ensorcelant, « Only Murders in the Building » a sauvé la mise en venant poindre le bout de son nez fin août 2021. Réalisée par Steve Martin, que l’on a tous adoré dans le film « Treize à la douzaine », et John Robert Hoffman, cette série de dix épisodes s’installe dans la catégorie de la comédie tout en s’immisçant dans le policier.
C’est au coeur de la ville de New-York, dans un immeuble du nom de L’Arconia, que les vies de Mabel Mora interprétée par Selena Gomez, Oliver Putnam incarné par Martin Short et Charles-Haden Savage joué par Steve Martin vont s’entrecroisées de manière plutôt « comitragique ». Oui je viens d’inventer ce mot.
Qu’est-ce qui pourrait bien réunir une rénovatrice d’intérieur, un réalisateur au chômage et un ancien acteur ? Un meurtre bien sûr. Non je vous l’accorde ce n’est pas évident. Ici, nos trois protagonistes sont des passionnés de podcast portant sur le crime. Quelle ne fut pas leur joie (et un peu leur peine) lorsqu’ils apprennent qu’un cadavre a été découvert dans leur immeuble. La police classant cette affaire comme un suicide, Mabel, Oliver et Charles-Haden voient cet évènement sous un autre angle et crient au meurtre.
Un scénario plutôt intéressant et novateur qui permet aux spectateurs de se projeter au coeur des protagonistes. Est-ce que vous aussi vous seriez capable de faire votre propre enquête criminelle avec vos voisins ? Telle est la question.
Le point fort de cette série comique est d’avoir intégrer des concepts plutôt modernes à savoir le « podcast ». De plus, chaque épisode, aussi court soit-il (30 minutes environ), est accompagné d’une bonne dose d’humour et d’un choix de musiques très approprié qui nous donnent envie de continuer.
Comme toute bonne série policière, « Only Murders in the Building » nous présente un peu plus d’indices et de secrets au fur et à mesure des épisodes. Tout cela accompagné par des personnalités aussi attachantes les unes que les autres.
D’autre part, ce que j’ai particulièrement apprécié avec cette série c’est la façon dont elle introduit les pensées des personnages : à travers une voix off bien atypique et bien humoristique.
Ainsi, l’épisode qui m’a le plus marqué et touché à la fois correspond à la mise en scène qui s’assimilerait presque à une immersion, autant dans l’image que dans le son, du personnage sourd de Theo Dimas interprété par James Caverly.
En définitive, « Only Murders in the Building » est une série réussie. Le côté comique autour du meurtre est plutôt séduisant et original.
Morale de l’histoire : n’importe qui peut être détective mais surtout méfiez-vous de vos voisins.

𝐎𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞
L'homme aux marrons
Je ne suis pas une grande connaisseuse du cinéma scandinave mais ce que je peux dire avec certitude c’est que dans la catégorie thriller et policier, ils nous laissent très souvent interdits. Les six films « Les Enquêtes du département V » mis en scène par le réalisateur danois Mikkel Norgaard ou encore la série islandaise « Les meurtres de Valhalla » réalisé par Ottar Nordfjord, m’ont transformé en une adepte du glauque.
Ici, nous allons parler de la mini-série danoise « Octobre » sortie sur Netflix fin septembre 2021. A la fois auteur du livre et créateur de la série, Søren Sveistrup nous introduit dans un univers plutôt sombre et lugubre.
C’est au coeur de la ville de Copenhague que deux détectives du nom de Naia Thulin interprétée par Danica Curcic et Mark Hess joué par Mikkel Boe Folsgaard, enquêtent sur le meurtre d’une mère de famille. Découverte attachée dans une aire de jeu et avec une main sectionnée, la première victime laisse les enquêteurs perplexes puisqu’ils la trouvent accompagnée d’un bonhomme en marrons. Ce premier meurtre marque le début d’une histoire plus que sordide. D’autant plus que les inspecteurs ne sont pas aidés par le destin.
L’environnement plutôt sylvestre et le scénario inquiétant marquent le point d’entrée de l’ambiance pesante comme on l’aime. Moi qui est une sorte d’obsession à essayer de deviner la fin des films (surtout les policiers), je suis restée dubitative. En effet, j’ai hésité, accusé un tel puis un tel, pour finalement constater que j’avais faux sur toute la ligne. Le fait que les histoires s’entremêlent a fortement compliqué mon investigation.
De plus, le réalisateur intègre des sujets sensibles comme la pédophilie ou encore la maltraitance infantile. Il introduit également « le bonhomme en marrons » qui au premier abord semble enfantin et qui finit par être associé à la peur, au meurtre.
Søren Sveistrup a estimé que les six épisodes étaient suffisant pour exprimer des sujets qui concernent notre société. Il les a également trouver suffisant pour nous insuffler l’horreur, le dégoût et l’angoisse. Et finalement, il a avait raison, car les six épisodes m’ont suffisamment convaincue.

𝐒𝐞𝐯𝐞𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞
"Je suis une personne et pas toi, je prends les décisions et pas toi"
Thriller psychologique comme on les aime, la série « Severance » créée par Dan Erickson et réalisée par Ben Stiller et Aoife McArdle fait son entrée sur Apple TV+ en début d’année.. Une dystopie hors du commun mais tout de même sensée.
En effet, c’est sur une intrigue lente et sans artifice que la série nous emporte à une époque que je ne saurais située. Certains épisodes semblent nous emportés à la fin des années 1990 puis d’autres m’emmènent dans un futur proche. Peut-être est-ce le prélude de Retour vers le futur. Ceci étant dit, Severance suit la vie “dissociative” de Marc Scout, interprété par Adam Scott.
Qu’est-ce que la dissociation me diriez-vous ? C’est l’entreprise Lumon, signifiant lumière, qui a inventé ce système de séparation de soi par l'implantation d’une puce. Par conséquent, dans ce schéma, la dissociation permet de séparer la vie privée de la vie professionnelle. Tout ce qui se passe au travail reste au travail et tout ce qui se passe à la maison reste à la maison. Je parle sérieusement, aucun souvenir du bureau à la maison et aucun souvenir de la maison au bureau. Ainsi se crée deux entités émotionnelles.
Marc Scout - inter - travaille chez donc Lumon Industries qui en apparence ressemble à une entreprise mais qui au fond me fait plus penser à l’hôpital psychiatrique dans Mr. Nobody de Jaco Van Dormael. De l'autre côté du miroir se trouve Marc Scout - exter- veuf et vivant seul dans une maison dont la neutralité rappelle la salle d’attente du dentiste.
Son métier est assez aberrant, presque infantilisant. En effet, les employés sont punis et craignent « la salle de coupure » s’ils émettent le moindre faux pas,, ils sont surveillés et contrôlés à chaque mouvement de bouche. Étrange pour des personnes qui ne sont finalement « personne ».
Severance, une tasse de thé bien digérée qui tient en haleine durant 9 épisodes.
Petit détail, comme toute série psychologique il n’y a pas un, pas deux mais beaucoup de plots twists.

𝟏𝟖𝟗𝟗
Wake up
Encore un coup de maître de la part du couple Jantje Friese (scénariste) et Baran bo Odar (réalisateur). Merci de nous avoir offert, pour la seconde fois, une série aussi extraordinaire. Après Dark, réalisée en 2017, c’est avec une ambiance pesante et oppressante qu’ils reviennent avec 1899.
Kerberos, bateau à vapeur qui ressemble en tout point au Titanic, part de Londres en 1899 et prend le large vers « la ville debout » à savoir New-York. A son bord, une diversité culturelle assez importante puisqu’il s’y trouve des individus venus des quatre coins du monde.
La houle les mène tout droit jusqu'au Prometheus, bateau mystérieusement disparu en mer il y a quatre mois. Le capitaine du Kerberos, Eyk Larsen, interprété par Andreas Pietschmann, décide alors d’aller constater les dégâts et de comprendre le pourquoi des évènements. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il remarqua que les 1 000 passagers du navire s’étaient tout bonnement évaporés. Le silence et l’obscurité avaient pris leur place.
Mais alors où sont-ils passés ?
Avec une atmosphère similaire au film Triangle réalisé par Christopher Smith en 2009, la série 1899 s’inspire également fortement du génie de Christopher Nolan. En effet, les premières questions que le spectateur se posent ne sont que des illusions face à l'avalanche d’interrogations qui s’ensuit. Notre coque se brise et la réalité se laisse émerger petit à petit.
Encore un pur moment d’émerveillement et une fraîcheur scénaristique qui laisse sans voix. Il me tarde de voir la saison 2.